RDC | Transports : Un appel d’offre au nom de Fly Congo Airways…, qui cache mal des procédures fallacieuses

Dans le paysage complexe des marchés publics internationaux, l’appel d’offres émis par le ministère des Transports, Voies de Communication et Désenclavement de la République Démocratique du Congo (RDC) sous le numéro AAOI 4004/CGPMP/SG/MIN/TVCD/2023 requiert un examen minutieux. Présenté comme une initiative visant à acquérir des avions A320 et A330, cet appel d’offres suscite des interrogations profondes quant à sa faisabilité, à sa légitimité et à sa conformité aux normes internationales.

Félix Tshisekedi et le coupe Vital & Amida Kamerhe, lors d'une des leurs habituelles soirées "champagne"
Félix Tshisekedi et le coupe Vital & Amida Kamerhe, lors d’une des leurs habituelles soirées « champagne »

Le contexte dans lequel cette initiative est annoncée est fondamental pour comprendre ses enjeux réels. Il est affirmé que cet appel d’offres vise à mobiliser des fonds gouvernementaux pour l’acquisition d’aéronefs. Cependant, le manque de transparence dans le processus, ainsi que les détails opérationnels présentés, soulèvent des inquiétudes quant à la véracité de ces déclarations.

Un des points de divergence majeurs réside dans l’exigence de « dry lease » ou « coque nue ». Cette spécification implique la location de la coque de l’avion sans les services connexes tels que la maintenance, l’assurance et le personnel technique et navigant. Cette exigence soulève des doutes quant à sa viabilité dans le cadre d’une procédure internationale d’appel d’offres, précise Stavros Papaioannou, ancien pilote et exploitant de compagnies aériennes.

Sur le plan légal, la régulation internationale en matière d’aviation civile, spécifiquement l’article 83 bis de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), encadre les conditions et modalités de transfert de responsabilités entre deux États pour l’exploitation d’un avion loué étranger. Cette contrainte nécessite des accords entre les autorités aéronautiques, un processus complexe et chronophage.

En outre, sur le plan technique, l’exigence de posséder des avions A320 et A330 sans aucun équipement ni service associé, tout en requérant des certifications et des références techniques spécifiques, paraît irréaliste et déconnectée de la réalité opérationnelle des compagnies aériennes.

Contradictions et Incohérences

Les critères de sélection énoncés dans cet appel d’offres semblent manquer de cohérence avec la réalité du marché aéronautique. Notamment, l’exigence d’être une société congolaise sans qu’aucune société locale ne corresponde à ces critères spécifiques soulève des questions sur l’objectivité et la pertinence des conditions établies.

Les exigences financières imposées aux candidats semblent dépasser les capacités opérationnelles et financières de la plupart des compagnies aériennes internationales, ce qui remet en question la légitimité et l’équité de cette procédure d’appel d’offres.

Cette analyse met en lumière des lacunes significatives dans la conception et l’exécution de cet appel d’offres. Il semble peu probable qu’une compagnie aérienne sérieuse et en conformité avec les régulations internationales puisse répondre aux critères fixés dans les délais impartis.

Ainsi, cette procédure d’appel d’offres soulève des doutes sérieux sur sa crédibilité et semble davantage correspondre à une tentative de justification de l’utilisation de fonds gouvernementaux ou de favoriser des entités peu scrupuleuses, plutôt que de réellement renforcer le secteur aérien congolais.

Un autre coup de com électoraliste ?

À l’approche imminente des élections en RDC, le récent appel d’offres émis par le ministère des Transports cache mal les coups de pokers de Tshisekedi, auxquels les Congolais se seront finalement habitué les cinq dernières années. On se le doute, mais il ne s’agirait que d’une possible manœuvre électoraliste dissimulée sous un voile de régularité administrative.

Le contexte électoral tendu de la RDC, avec des élections à venir dans moins d’un mois, crée un terrain fertile pour les manœuvres politiques et les stratégies de communication déguisées. Dans ce contexte, cet appel d’offres semble revêtir une connotation bien plus politique qu’économique.

L’annonce de cet appel d’offres, présenté comme une initiative visant à mobiliser des fonds gouvernementaux pour l’acquisition d’aéronefs, apparaît comme une tentative subtile de communication électorale. Son timing suspect, à quelques semaines seulement des élections, soulève des interrogations quant à ses véritables motivations.

Il semble que cet appel d’offres aérien soit davantage destiné à un effet de communication, à créer l’illusion d’une action gouvernementale en vue des élections, plutôt qu’à véritablement répondre à un besoin opérationnel ou stratégique du pays.

À y coir des près, outre les risques de corruption que revêt cette procédure douteuse, elle serait aussi exploitée à des fins politiques pour influencer l’opinion publique, en tentant de projeter une image de dynamisme et de proactivité de la part du gouvernement en place. Cependant, l’analyse détaillée révèle plutôt un manque de transparence et des incohérences fondamentales dans les objectifs et les conditions énoncées.

Il semble que cette initiative soit plus une tentative de manipulation de l’opinion publique à des fins électorales qu’une véritable démarche visant à répondre à des besoins opérationnels ou économiques réels.