Sécurité | Nord-Kivu : L’expiration du moratoire du M23 suscite l’attente de vigoureuses opérations militaires

avec  Diddy MASTAKI | CongoRassure.CD | Goma, Mardi 26 septembre 2023

Le moratoire accordé aux combattants de la rébellion du M23 pour quitter les positions qu’ils occupent depuis plus d’un an a expiré, et l’atmosphère dans la ville de Goma est empreinte de tension alors que la population attend avec impatience des opérations militaires sans complaisance pour mettre fin à cette longue période d’instabilité.

La date fatidique du retrait a été dépassée d’un seul jour, et les regards se tournent maintenant vers les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et leurs alliés qui se préparent à prendre des mesures énergiques contre cette rébellion.

Les critiques contre les FARDC pour leur approche défensive depuis le début du conflit dans l’est de la RDC se sont intensifiées ces derniers temps. De nombreuses voix estiment que cette stratégie a contribué à la perte de plusieurs territoires au profit des rebelles. Cependant, la population de Goma, malgré ses critiques, exprime son soutien inébranlable envers l’armée congolaise et la presse à mener une offensive déterminée jusqu’à la libération des territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, qui sont séparés du reste de la province depuis 2022.

Des inquiétudes…

Cette situation a entraîné un déplacement massif de la population vers la ville de Goma et le sud de Nyiragongo, qui demeure épargné par les hostilités. Les répercussions néfastes se font ressentir à la fois sur la sécurité et l’économie de la province. Goma, en particulier, subit les contrecoups du conflit qui sévit dans les zones agricoles et la zone frontalière de Bunagana, un pôle économique majeur de la province.

« Nous attendons impatiemment le lancement d’opérations de grande envergure dès l’expiration du moratoire accordé au M23. Nous soutenons notre armée. C’est la seule force dont nous disposons, et sans son engagement sans compromis pour mettre fin à cette guerre, notre souffrance et notre incertitude persisteront. »

Un habitant de Goma.

Le ministre Christophe Lutundula a récemment dévoilé les plans opérationnels des FARDC contre la rébellion du M23, qu’il accuse d’être soutenue par le Rwanda. Cette révélation a jeté de la lumière sur les préparatifs en cours, laissant présager des affrontements imminents.

L’expiration du moratoire du M23 représente un tournant crucial dans le conflit qui secoue l’est de la RDC. Les prochains développements sur le terrain auront des répercussions significatives sur la vie de la population locale et sur la stabilité de la région dans son ensemble. Les attentes sont à leur comble, et la nation tout entière attend de voir comment les autorités congolaises répondront à cette situation délicate.

Un contexte particulier

La résurgence du M23 dans la région de l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) est le dernier chapitre d’une histoire tumultueuse de conflits armés, d’instabilité politique et de rivalités régionales. Pour comprendre cette récente escalade, il est essentiel de se pencher sur les événements historiques qui ont pavé la voie à la réapparition de cette rébellion et à l’instauration de l’état de siège.

Le M23, ou Mouvement du 23 mars, tire son nom de l’accord de paix signé le 23 mars 2009 entre le gouvernement de la RDC et un groupe de rebelles tutsis intégrés dans les Forces Armées Congolaises (FARDC). Cependant, en 2012, des dissensions au sein de ces anciens rebelles ont conduit à la formation du M23 sous le leadership du général Bosco Ntaganda, également surnommé « le Terminator ». Cette faction a rapidement pris le contrôle de vastes étendues du territoire de la province du Nord-Kivu, déstabilisant la région et provoquant des déplacements massifs de population.

La rébellion du M23 a été marquée par des allégations persistantes selon lesquelles elle bénéficiait du soutien du Rwanda voisin, bien que Kigali ait toujours nié ces accusations. Le conflit a pris fin en 2013 suite à une intervention militaire de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) et des négociations politiques.

Cependant, en 2022, le M23 a fait une résurgence inattendue, prenant de nouveau le contrôle de territoires stratégiques dans la province du Nord-Kivu, dont Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, précisément les régions où l’état de siège a été instauré. Cette réapparition a été alimentée par une combinaison de facteurs, notamment les tensions ethniques persistantes dans la région, les rivalités politiques locales et des failles dans la gestion des ressources naturelles.

Face à cette escalade de la violence, le gouvernement congolais a décidé d’instaurer l’état de siège en date du 06 mai 2021 dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, avec l’objectif de renforcer l’autorité de l’État, d’éradiquer les groupes armés et de rétablir la sécurité. Cette décision a été accueillie avec des espoirs, mais aussi des inquiétudes quant à son efficacité et à son impact sur les droits de l’homme. Depuis lors, les tensions dans la région ont continué à monter en flèche, conduisant à l’expiration du moratoire du M23 et à l’anticipation d’opérations militaires majeures pour mettre fin à cette résurgence de la rébellion et rétablir la stabilité dans la région troublée de l’est de la RDC.